Le retrait des tumeurs de l’oreille interne peut être une affaire délicate, et les chirurgiens doivent souvent enlever une grande quantité d’os pour effectuer des procédures complètes en toute sécurité. Des chercheurs de l’Institut Fraunhofer en Allemagne ont créé un nouvel outil, comparé à un ver robotique, qui est conçu pour révolutionner le processus, tout en réduisant l’impact physique de la chirurgie sur le patient.
La technologie moderne continue d’élargir le nombre d’outils que les chirurgiens ont à leur disposition. En fait, l’Institut Fraunhofer a lui-même été responsable de quelques inventions ingénieuses à cette fin, dévoilant récemment un dispositif robotique conçu pour agir comme un troisième bras pour les médecins au cours des interventions.
Son dernier travail est le NiLiBoRo – un acronyme allemand qui correspond à « Robot non-linéaire de Forage ». Le prototype d’outil est conçu pour permettre aux chirurgiens d’effectuer le retrait de tumeur de l’oreille interne à travers un petit tunnel, là où les méthodes actuelles nécessitent généralement la suppression de l’ensemble de l’os mastoïde pour que la procédure soit exécutée en toute sécurité.
Alors que les appareils existent pour permettre aux médecins de percer avec précision à travers l’os, le NiLiBoRo est le premier outil qui est en mesure de modifier son orientation, c’est-à-dire qui est capable de littéralement tourner dans les coins à l’intérieur de la tête du patient. Pour la chirurgie de l’oreille interne, un trou percé par un outil en ligne droite ne pouvait être plus large que 2 mm – car si le trou est large, il y a un risque d’endommager les tissus nerveux. Malheureusement, cela est un trop petit espace à travers lequel la procédure peut être effectuer.
La capacité du NiLiBoRo de tourner dans les coins permet de forer un trou de 5 mm de large, qui est un tunnel suffisamment large pour effectuer une intervention chirurgicale. Le secret de la conception du petit robot se trouve dans une série de lignes hydrauliques qui permettent de ramper vers l’avant dans un mouvement similaire à celui d’un véritable ver.
Le dispositif se compose des sections de «tête» et de « queue », semblable à un bus articulé à double voiture. Les deux sections sont reliées par un mécanisme à soufflet expansible, et il existe de nombreuses conduites hydrauliques allant de la partie supérieure de l’outil là où l’outil de forage se trouve, jusqu’à des lieux hors de la salle d’opération, d’où il peut être contrôlé.
Le fluide hydraulique est pompé dans la section arrière de l’appareil, ce qui provoque son expansion et le verrouiller en place contre l’os environnant. La section de soufflet est ensuite étendue, poussant la tête de forage de l’outil outre dans l’os. Enfin, la partie avant est remplie de fluide pour la maintenir en place contre ses environs, au moment où la section de queue se dégonfle et est tirée en avant par la tête. La direction de l’outil est contrôlée par le remplissage des différentes poches dans la section de tête avec le liquide.
« Nous pouvons modifier la direction de déplacement du robot en ajustant les poches dans la partie avant. » Précise le scientifique du projet, Lennart Karstensen. « Par exemple, si nous voulons aller à gauche, nous remplissons la poche gauche avec moins fluide que la droite, ce qui entraînera le robot à virer à gauche. »
Pendant que le NiLiRoBo avance, sa progression est surveillée par le chirurgien via un système de suivi électromagnétique qui capture des images fixes par intermittence du robot en utilisant la tomographie par ordinateur. Ce système de suivi, connu sous le nom EMT, a été conçu par des chercheurs de l’Université technique de Darmstadt.
Le NoLiRoBo est un outil ambitieux, mais potentiellement très efficace. Il y a encore un peu de travail à effectuer avant qu’il soit prêt à l’emploi, car la version actuelle du prototype mesure cinq fois la taille de la version finale prévue. L’équipe prévoit de continuer à développer le dispositif, en perfectionnant les technologies impliquées pour réduire sa taille et qu’il soit prêt pour des essais d’ici 2 ans.