Bien que tuer les moustiques soit certainement un moyen de les empêcher de propager le paludisme, ces insectes peuvent malheureusement développer une résistance aux insecticides. Les scientifiques de l’Université de Harvard étudient donc une autre approche, dans laquelle les moustiques vivants sont débarrassés du paludisme simplement en atterrissant sur une surface traitée.
L’atovaquone est un produit chimique qui est déjà utilisé dans les médicaments pour traiter et prévenir le paludisme chez les humains. Dans le cadre d’expériences en laboratoire, les chercheurs de Harvard ont enduit les surfaces en verre de ce produit chimique, recouvert le verre d’une tasse en plastique inversée, puis placé des moustiques anophèles femelles à l’intérieur de cette tasse. Immédiatement avant ou après avoir collé les insectes, les scientifiques les ont infectés par Plasmodium falciparum, qui est le parasite responsable du paludisme.
Au cours de l’étude, les moustiques ont été piégés dans la tasse pendant différentes périodes de temps, et le verre a été recouvert de différentes concentrations d’atovaquone. Inévitablement, les insectes ont fini par atterrir sur le verre, absorbant le produit chimique par leurs pattes. En fin de compte, on a constaté que lorsqu’ils restaient sur des concentrations relativement faibles d’atovaquone pendant seulement six minutes, cela suffisait d’éliminer tous les parasites dans leur corps.
Les insectes se concentrent généralement sur les moustiquaires autour des lits pendant au moins six minutes à la fois, de sorte qu’on espère maintenant qu’en traitant ces moustiquaires avec le produit chimique (ou d’autres produits similaires), les populations de moustiques dans certaines régions pourront progressivement être débarrassées du paludisme.
Il convient également de noter que l’exposition à l’atovaquone n’a pas modifié la durée de vie ou la capacité de reproduction des insectes. Cela pourrait en fait être une bonne nouvelle pour de nombreuses personnes, qui craignent que le simple fait de tuer un grand nombre de moustiques puisse nuire à la chaîne alimentaire écologique.
« Les moustiques sont des organismes étonnamment résistants qui ont développé une résistance contre tous les insecticides qui ont été utilisés pour les tuer. En éliminant les parasites du paludisme dans le moustique plutôt que de tuer le moustique lui-même, nous pouvons contourner cette résistance et prévenir efficacement la transmission du paludisme « , dit le professeur Flaminia Catteruccia.
« En fin de compte, l’utilisation d’antipaludiques sur les moustiquaires pourrait contribuer à éliminer cette maladie dévastatrice. C’est une idée simple mais innovante, sûre pour les gens qui utilisent des moustiquaires et respectueuse de l’environnement. »
https://www.nature.com/articles/s41586-019-0973-1
