Pour la première fois, des scientifiques ont développé avec succès des cordes vocales dans un laboratoire, et des tests ont montré que le tissu conçu ainsi était fonctionnel, c’est-à-dire capable de transmettre du son. Bien que la recherche ne soit que la première étape d’un long chemin vers l’utilisation clinique, les résultats sont très prometteurs, fournissant une base solide pour de futures études.

Pour cette nouvelle étude, menée à l’Université du Wisconsin, les chercheurs ont travaillé avec le tissu de cordes vocales prises à partir de quatre patients qui avaient précédemment eu leurs larynx enlevé, ainsi que des échantillons provenant d’un cadavre. Les cellules du tissu ont été cultivées sur de la muqueuse, avant d’être transférées sur un échafaudage de collagène 3D.
Après deux semaines de croissance sur l’échafaudage, l’équipe a testé les qualités du tissu résultant, constatant qu’une couche inférieure souple avait été formée sous un revêtement supérieur de cellules épithéliales en couches.
D’autres tests ont révélé qu’un bon nombre des mêmes protéines présentes dans les cordes vocales naturelles étaient également présentes, et une membrane s’est formée contribuant à créer une barrière contre les agents irritants et pathogènes dans les voies respiratoires. Dans l’ensemble, les résultats étaient similaires à ce que vous attendez de tissus qui sont naturellement cultivés.
La prochaine étape était de voir si le tissu transgénique était effectivement en mesure de transmettre le son. Pour ce faire, l’équipe l’a transplanté sur des larynx retirés de cadavres de chiens, fait passer de l’air à travers les trachées artificiels rattachées. Une fois encore, les résultats ont été prometteurs, avec un son produit et de l’imagerie à grande vitesse a révélé que le tissu créé par ingénierie vibre de façon similaire à son équivalent naturel.
Poursuivant leur test, les scientifiques ont ensuite greffés le tissu sur des souris de laboratoire conçues pour avoir des systèmes immunitaires humains. Une fois de plus, les résultats ont été positifs, avec un tissu croissant normalement sans être rejeté.
Toutefois, malgré le succès de l’étude, peut-être sans surprise, le tissu de corde vocale créé par ingénierie n’est pas tout à fait aussi bon que le vrai. Plus particulièrement, sa structure de fibre est moins complexe que dans le tissu naturel chez les adultes, qui se développent sur des périodes de temps beaucoup plus longues, pendant au moins 13 ans après la naissance.
Selon les chercheurs, des années d’études seront nécessaires avant que des applications cliniques puissent être envisagées, notamment pour évaluer la fonction du tissu et de la sécurité à long terme. Cela dit, étant donné la rareté d’un élément de tissu de corde vocale sans cancer, la recherche fournit une base très solide pour de futures études.
http://news.wisc.edu/releases/19385