Les personnes présentant un écart important entre l’âge rétinien mesuré et leur âge chronologique étaient plus susceptibles de mourir prématurément.
Selon une nouvelle étude, un simple examen de la rétine pourrait indiquer si une personne est exposée à un risque de décès précoce. L’étude a révélé que plus l’écart entre l’âge chronologique et l’âge rétinien d’une personne est important, plus le risque de décès est élevé.
Nous avons tous entendu le dicton « l’âge n’est qu’un chiffre ». De nombreuses personnes peuvent avoir un comportement beaucoup plus jeune que ce à quoi on pourrait s’attendre compte tenu de leur âge chronologique, tandis que d’autres semblent certainement plus âgées que leur âge.
Les chercheurs ont longtemps suggéré que la mesure de l’âge biologique d’une personne pouvait donner un aperçu de son risque pour de nombreuses maladies. Mais la difficulté a été de trouver une mesure simple permettant de déterminer objectivement la vitesse à laquelle le corps vieillit.
Une étude récente s’est concentrée sur un ensemble de biomarqueurs inflammatoires sanguins pour mesurer l’âge du système immunitaire d’une personne. Un autre projet consiste à suivre l’accumulation des mutations de l’ADN au fil du temps pour calculer l’âge biologique et déterminer la durée de vie potentielle.
Cette dernière méthode est peut-être la plus simple à ce jour, puisqu’elle repose sur un simple balayage de la rétine pour évaluer l’âge biologique d’une personne. Les chercheurs ont utilisé l’apprentissage automatique pour créer un modèle d’apprentissage profond conçu pour prédire l’âge d’une personne en mesurant la détérioration des tissus à l’arrière de l’œil.
Chez la plupart des adultes d’âge moyen en bonne santé, l’algorithme a pu prédire avec précision l’âge d’une personne dans une fenêtre de trois ans et demi à partir d’une seule image rétinienne. Plus intéressant encore, on a découvert que les personnes présentant un écart important entre leur âge chronologique et leur âge rétinien avaient un risque de décès plus élevé sur une période de 11 ans.
Les personnes dont l’écart entre l’âge rétinien et l’âge chronologique était supérieur à trois ans avaient entre 49 et 67 % plus de risques de mourir que celles dont l’écart était faible. Pour chaque année de différence entre l’âge rétinien et l’âge chronologique, l’étude a calculé une augmentation de deux pour cent de la mortalité toutes causes confondues et une augmentation de trois pour cent des décès dus à des causes autres que les maladies cardiovasculaires et le cancer.
La rétine offre une « fenêtre » unique et accessible pour évaluer les processus pathologiques sous-jacents des maladies vasculaires et neurologiques systémiques qui sont associées à des risques accrus de mortalité », notent les chercheurs dans l’étude. « Nos nouveaux résultats ont permis de déterminer que l’écart d’âge rétinien est un facteur prédictif indépendant d’un risque accru de mortalité, en particulier de mortalité liée aux maladies non [cardiovasculaires]/non cancéreuses. Ces résultats suggèrent que l’âge rétinien pourrait être un biomarqueur cliniquement significatif du vieillissement. »
D’autres travaux seront nécessaires pour vérifier ces résultats dans de larges cohortes, mais les chercheurs supposent qu’un simple scanner des yeux pourrait être utilisé pour surveiller facilement l’état de santé général d’une personne. L’algorithme pourrait également être intégré à une application pour smartphone permettant aux médecins d’évaluer les patients à distance.
« Compte tenu de la charge croissante des maladies non transmissibles et du vieillissement de la population dans le monde, l’identification précoce et la prestation de soins de santé personnalisés pourraient avoir d’énormes avantages pour la santé publique », ont conclu les chercheurs dans l’étude. « De plus, le développement récent des caméras rétiniennes sur smartphone, ainsi que l’intégration d’algorithmes d’apprentissage profond, pourraient à l’avenir fournir des évaluations du vieillissement au point de service et améliorer l’accessibilité à des évaluations de risque personnalisées. »
https://bjo.bmj.com/content/early/2021/11/17/bjophthalmol-2021-319807
