Une nouvelle étude a, pour la première fois, estimé le volume total d’eau souterraine présente sur Terre. Les résultats montrent que nous utilisons cette source d’eau plus rapidement que son renouvellement naturel, et la recherche future cherchera à déterminer exactement le temps qu’il faudra pour que cette eau souterraine soit à sec.
Les eaux souterraines constituent une ressource extrêmement précieuse, étant une source essentielle de subsistance pour l’humanité et les écosystèmes que nous habitons. Elle réside sous la surface de la Terre, date de millions d’années à juste quelques mois, et existe en quantités énormes – littéralement des millions de kilomètres cubes. Bien que des calculs dans les années 1970 estimaient approximativement le volume global des eaux souterraines, cette nouvelle étude représente le premier calcul détaillé de la quantité exacte, et cela pourrait avoir de grandes conséquences.
Des chercheurs de l’Université de Victoria, de l’Université du Texas à Austin, de l’Université de Calgary et de l’Université de Göttingen aux Pays-Bas ont créé une carte de la distribution des eaux souterraines en analysant attentivement de nombreux ensembles de données, et en utilisant plus de 40 000 modèles scientifiques. En tout, l’étude estime que le volume total d’eau souterraine approche les 23 millions de kilomètres cubes.
Deux types d’eaux souterraines ont été détaillées – ancienne et moderne. Les vieilles eaux souterraines sont situées au fond de la Terre, sont salée et contiennent souvent de l’uranium ou de l’arsenic. En revanche, les eaux souterraines moderne sont plus proches de la surface de la Terre et se déplacent plus rapidement. Malheureusement, elles sont aussi beaucoup plus sensibles au changement climatique que les eaux anciennes plus profondes.
La carte montre que la majorité de cette source «moderne» d’eau est située dans les régions montagneuses et tropicales, comme le bassin de l’Amazonie, le Congo et les Montagnes Rocheuses. Sans surprise, très peu d’eaux souterraines ont été détectées dans les régions arides comme le désert du Sahara et le centre de l’Australie, ce qui est quelque chose qui a longtemps été soupçonné.
« Intuitivement, nous nous attendons à ce que des zones plus sèches disposent de moins d’eaux souterraines jeunes et que des zones plus humides en aient plus, mais avant cette étude, tout ce que nous avions était notre l’intuition», a déclaré un membre de l’équipe, le Dr Kevin Befus. « Maintenant, nous avons une estimation quantitative que nous avons comparé à des observations géochimiques. »
Sur les 23 millions de km3 calculées d’eau souterraine, 350 000 km3 sont âgés de moins de 50 ans. De plus, l’étude a révélé que moins de 6% de l’eau souterraine située jusqu’à deux kilomètres de profondeur sous la Terre est renouvelable au sein d’une seule vie humaine. En substance, nous utilisons l’eau souterraine beaucoup plus rapidement qu’elle ne peut être remplacée.
Allant plus loin, l’équipe prévoit de poursuivre l’analyse des données dans le but d’approfondir exactement notre compréhension sur la rapidité de l’appauvrissement des nappes phréatiques modernes et anciennes en raison de l’activité humaine. Une fois ces calculs seront terminés, nous aurons une idée exacte sur le délai que nous avons avant que cette source d’eau soit épuisée.
http://communications.uvic.ca/releases/release.php?display=release&id=1501
http://www.nature.com/ngeo/journal/vaop/ncurrent/full/ngeo2590.html